Découverte du métier d’Enseignant en Activité Physique Adaptée (EAPA) avec Mathieu

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Découverte du métier d’Enseignant en Activité Physique Adaptée (EAPA) avec Mathieu

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Depuis son ouverture, Psypro Grenoble propose des séances d’Activité Physique Adaptée (APA). Puisque la mobilisation du corps, le travail des besoins et l’écoute de soi sont au cœur de nos priorités, nous vous proposons aujourd’hui d’en apprendre un peu plus sur ce métier. 

Bonjour Mathieu, merci de prendre quelques instants avec nous. Pourrais-tu te présenter brièvement ?  

Bonjour, je suis Mathieu, Enseignant en Activité Physique Adaptée (EAPA). Je suis arrivé à Grenoble il y a trois ans pour me rapprocher de la montagne, et j’ai commencé à travailler à Psypro Grenoble à ce moment-là. 

Je pratique l’ultra-trail depuis 12 ans dans ma vie personnelle, j’aime le ski de randonnée et le voyage à vélo. Globalement, j’aime voyager et découvrir à travers les différents sports que je pratique. 

Quel a été ton parcours scolaire et professionnel pour arriver à ce métier actuellement ?  

Pour ma part, j’ai réalisé un bac ES. Je suis ensuite parti en licence STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) à Limoges, avec l’option Activité Physique Adaptée et Santé (APAS). Par la suite, j’ai fait un master en Réhabilitation par les Activités Physiques Adaptées (RAPA) à Montpellier, où j’ai passé de très bonnes années. 

À côté de cela, j’ai également obtenu mon diplôme de maître-nageur, d’instructeur Pilates et de pilote accompagnateur handi-ski. J’ai aussi une formation en Éducation Thérapeutique du Patient (ETP). 

Une fois mes études terminées, j’ai enchaîné des petits contrats dans l’accompagnement de différents publics (Ehpad, association handisport, cours avec des enfants). À l’époque, le métier était moins reconnu qu’aujourd’hui, et il était plus difficile de trouver un poste d’EAPA. 

Par la suite, j’ai trouvé un poste à Lyon dans un centre de rééducation, où j’ai rencontré de nombreux publics et pathologies du domaine somatique. J’y ai travaillé pendant douze ans. 

Puis, je suis arrivé à Psypro Grenoble, où le travail est très différent, puisqu’il s’inscrit dans la prise en charge de troubles psychopathologiques. 

Et de manière plus concrète, en quoi consiste ton travail au quotidien ?  

Ma mission principale au sein de l’institution est la prise en charge individuelle et collective des patients. J’ai également d’autres missions, comme la coordination des parcours de groupe et le référent du système informatique. 

Dans mon rôle d’EAPA, j’interviens beaucoup en début de parcours. Dès les premières semaines, les patients participent au groupe APA, composé d’un temps de psychoéducation animé avec une infirmière, et d’un temps d’activité physique. Tous les patients passent par ce groupe de six séances. 

Ensuite, j’interviens sur prescription médicale pour dix séances, souvent renouvelées. En institution, il y a des temps réguliers de réunion : les patients pouvant bénéficier de l’APA sont repérés par les psychologues et les psychiatres. C’est un travail pluriprofessionnel. 

Ma philosophie est de laisser la salle accessible, lorsque je suis présent, dans des temps plus informels (après un suivi individuel ou une séance de groupe), afin de permettre aux patients d’extérioriser leurs émotions. 

Les objectifs sont de retrouver le plaisir dans une activité physique – et non sportive –, de percevoir l’intérêt pour soi, et de reprendre confiance en soi. Dans la prise en charge, l’attention est portée sur l’écoute du corps, dans l’instant présent. Cela peut impliquer d’apprendre à lâcher prise sur ses exigences, ou à retrouver la motivation. J’adore passer par des activités ludiques (fléchettes, tennis de table, badminton, etc.). Je dis souvent qu’il s’agit de séances « collectives individualisées », où chaque patient est pleinement acteur de sa séance. 

J’insiste beaucoup sur la philosophie des « petits pas » : trois minutes peuvent être très importantes. 

A ton avis, quelles sont les compétences professionnelles et les qualités personnelles importantes dans ce métier ?  

Il y a un grand besoin d’adaptation dans ce métier – c’est même dans l’intitulé du poste ! J’ai des bases théoriques solides, mais j’adapte constamment les séances en fonction du patient, de ses sensations corporelles et de ses émotions du jour. 

Je travaille avec des patients ayant des capacités physiques très hétérogènes (maladies chroniques, obésité, etc.). Je ne recherche pas la performance, mais l’amélioration de la confiance en soi et le plaisir retrouvé dans une activité, qu’elle soit individuelle ou collective. 

Il faut adopter une posture d’écoute, verbale et non verbale, avec chaque patient. Il est important de permettre au patient de s’exprimer sur ce qu’il vit pendant la séance ; pour cela, il doit se sentir en sécurité et en confiance. J’avance avec beaucoup d’empathie. 

Il faut aussi faire preuve de patience : à transmettre aux patients qui veulent aller trop vite, mais aussi pour soi-même, afin de garder une motivation constante dans les prises en charge. 

Le travail en équipe est essentiel et certaines qualités professionnelles sont indispensables en toutes circonstances : respect de l’intégrité du patient, non-jugement, etc… 

À Psypro Grenoble, chaque patient vient avec son histoire de vie, parfois très difficile. Il est essentiel de savoir prendre de la distance pour ne pas se laisser submerger par le récit, au risque de perdre notre objectivité. Parfois, il n’est pas facile de faire respecter les limites du cadre, notamment dans les activités ludiques, car certains patients peuvent oublier que nous sommes en situation de soin. 

L’un des atouts de mon travail, c’est que je passe par le corps, ce qui permet une approche différente des autres thérapeutes. J’ai aussi la possibilité de gérer mon emploi du temps, d’adapter mes groupes, ce qui me permet de ne pas me surcharger. Et le travail en équipe m’assure de ne jamais être seul face à la détresse émotionnelle de certains patients — même si, parfois, il est difficile de ne pas se sentir impuissant. 

Heureusement, mes loisirs me permettent aussi de relâcher la pression ! 

Est-ce que tu aimerais partager une anecdote ou une expérience marquante avec nous ?  

Je suis souvent touché par les retours des patients, notamment lorsqu’ils me disent avoir repris une activité : acheter un vélo, une montre connectée, ou autre. 

Récemment, un patient que je n’avais vu que quelques séances, et qui semblait en difficulté en APA, est venu me remercier parce qu’il avait repris la marche avec sa conjointe. Je ne m’y attendais pas, et j’ai été agréablement surpris ! 

J’aime aussi transmettre ce que je fais à mes collègues, partager l’amour de l’activité physique, proposer des exercices de renforcement ou d’équilibre… La salle leur est ouverte ! 

À Psypro, j’ai vraiment appris à partager, à écouter, à adapter. J’apprécie particulièrement de pouvoir suivre les patients sur la durée et de voir leurs objectifs évoluer. 

Merci d’avoir pris le temps de nous expliquer un peu plus ce métier selon ton point de vue.